Il existe deux manières d'allumer le feu à la préhistoire :
- par percussion
- par frottement
Mais avant de se lancer sur les traces de nos ancêtres, posons-nous quelques questions ...
La rencontre de l'homme et du feu ...
Quand l'homme a-t-il rencontré le feu pour la première fois ?
Quelques rares endroits en France peuvent être des sources permanentes de feu : on peut citer des poches de gaz en Auvergne qui restent enflammées, mais chez nous, les volcans ....
Alors, citons les incendies de broussaille, tout simplement, laissons là la guerre du feu et son improbable feu déclenché par la foudre ...
La vraie question est celle-ci : pourquoi l'homme, à l'inverse des autres êtres vivants a cessé de s'enfuir, pourquoi a-t-il dérobé l'étincelle divine pour s'en faire une redoutable alliée à jamais ?
Est-ce que ce n'est pas l'action fondamentale de l'homme qui l'a à tout jamais séparé de ses frères, les animaux ?
Au départ, conserver le feu, c'était déjà difficile, mais on a réalisé l'acte magique :
l'allumage du feu !
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L'Amadouvier : son rôle est essentiel dans l'allumage du feu |
Magique et profond, c'est sûr : il n'y a qu'à voir les enfants.. ou les adultes !! réussir à allumer le feu pour bien comprendre la puissance, la profondeur de cet acte. Un acte de sorcier...
D'ailleurs le maitre du feu, au village, était le forgeron, et c'était l'un des personnages les plus impressionnants, par son savoir faire, sa production (entre autre... des armes !) et son incontestable maitrise du feu !
L'allumage du feu par percussion
On peut supposer que l'idée d'allumer du feu par percussion a été liée à la taille des silex.
En effet, la percussion de deux silex produit bien des étincelles. Mais ce n'est pas suffisant : l'étincelle reste entre les deux bloc et s'éteint immédiatement.
Il a fallu trouver trouver de la marcassite, un minerai riche en fer, pour que cette étincelle puisse embraser notre combustible de démarrage !
En fait ce sont de minuscules particules de fer enflammé qui tombent dans le combustible et qui démarrent le feu.
Mais quel combustible est suffisamment inflammable pour que quelques minuscules grains de fer portés au rouge viennent faire une braise ?
La réponse est principalement l'amadouvier, cet étrange champignon d'arbre que j'appelais autrefois "langue de boeuf". Il peut servir de combustible de plusieurs manières : la manière utilisée au Jardin est de le faire d'abord carboniser. Alors pourquoi le charbon de bois ne fonctionnerait-il pas ?
Hé bien, la structure des deux charbons est très différente, celui de l'amadouvier est beaucoup plus légère, fine et aérée.
Les particules en fusion tombent dans le chardon d'amadouvier en formant une minuscule braise, et c'est alors que la pratique du "maitre de feu" fait la différence !!
Il faut attiser la braise avec délicatesse, sur un souffle continu, sans qu'elle s'envole et jusqu'à ce qu'elle aie une taille suffisante, puis (différentes techniques peuvent être employées) mise dans un bouchon de paille (un "nid") à travers lequel on souffle toujours aussi régulièrement, mais un peu plus fort.
Dès qu'un filet de fumée s'établit, n'attendez pas !
Une fois pris, un feu est un feu, et dans de la paille, il va très vite arriver aux flammes.
Comme nous ne faisons pas de barbecue, nous avons un "pot à feu" pour poser le bouchon de paille et sa flamme !
Déjà, faire des étincelles, c'est une explosion de joie !
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Un beau mouvement du bras droit, récompensé par une gerbe d'étincelles ! |
Pourtant, quoi de plus facile que d'allumer du feu à l'aide d'un briquet ?
Notre société démystifie les actes essentiels de notre vie, en retire l'aspect sacré et profond :
On peut se rendre compte ici comme on en a besoin, pour l'éducation des enfants et pour notre équilibre psychologique personnel !
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Le Pot à Feu !!!! |
Les garçons s'investissent avec plus d'énergie dans l'allumage du feu.
Souvent les filles se lassent et préfèrent essayer d'autres choses.
L'arc à feu, par exemple a beaucoup de succès auprès des filles
Et nos garçons et filles triomphants font brûler leur feu dans le pot dédié.
L'Allumage du feu par arc à feu
En ce qui concerne l'arc à feu, c'est une manière à la fois plus technique et plus sure lorsqu'on la maitrise bien. Elle est certainement apparue après la technique d'allumage à percussion, mais les deux ont cohabité pendant des milliers d'années.
N'oublions pas que l'on ne trouve pas de la marcassite partout, alors que le bois est quasi universel.
On a d'un côté une planchette de bois tendre, le plus connu étant du bois de lierre bien sec, de l'autre un tourillon de bois dur. Une encoche permet de démarrer le frottement en calant le tourillon, et, très important, cette encoche doit comporter une fente sur l'extérieur qui permettra à la braise en cours de formation de tomber sur le combustible de démarrage.
Le tourillon est souvent calé avec un os (la graisse peut bien aider à tourner ...) comportant une petite encoche pour caler le bout supérieur du tourillon. L'autre extrémité sera mise en frottement avec la planchette de lierre.
Et voilà les premiers essais ! Ce n'est pas franchement évident au départ : le tourillon doit être calé, mais sans en entraver la rotation, il doit rester bien droit, la planchette calée avec le pied, le mouvement de l'arc régulier, ni trop lent, ni trop rapide ...
Ne pas oublier de mettre un petit morceau de cuir sous la planche pour récupérer la braise avec un peu de combustible de démarrage (amadou ou massette)
Au bout d'un moment, le bâton crisse, devient plus difficile à faire tourner : c'est bon signe, et une petite odeur de fumée se dégage. Il faut persévérer : la fumée augmente.
C'est alors que "tout se joue", il faut faire tomber délicatement la petite braise dans le combustible, attiser, puis la mettre dans le bouchon de paille préparé : à nouveau, mettre notre paille dans le pot à feu avant de se bruler les doigts !!!
D'autres que moi ont fait des sites beaucoup plus documentés et approfondis sur le sujet :
Préhistoire expérimentale, le feu - Jacques Collina-Girard